MacBook Pro 13 contre Thinkpad X1 Carbon 4
J’ai récemment fait l’acquisition de mon premier produit Apple, un MacBook Pro 13”.
Retour sur l’audio sous Linux
Après avoir tenté la MAO sous Linux pendant plusieurs mois et heurté à une dizaine d’inconvénients je me suis finalement rendu compte que c’était probablement pas le bon outil pour ça. J’adore Linux, FreeBSD et tous les systèmes UNIX libres mais il faut admettre que l’audio sous Linux est compliqué et limité.
Sous Linux vous avez plusieurs systèmes de gestion du sons : PulseAudio, JACK, ALSA, etc. PulseAudio est plutôt orienté bureau avec une faible consommation énergétique, un support de branchement à chaud, bluetooth, etc. JACK est à l’inverse orienté audio professionnel avec temps de latence minime au dépit d’une consommation plus élevée. ALSA est juste la couche inférieure qui communique directement avec le noyau et les carte sons, usuellement aucune application n’est censée utiliser ALSA directement.
On pourrait alors se dire « et bien utilise JACK ! », oui en effet. Sauf que ce n’est pas si simple. Certaines applications ont été conçues pour communiquer avec PulseAudio, ainsi si vous lancez un serveur JACK celui ci va demander l’accès exclusif à la carte son rendant impossible les autres utilisations de PulseAudio et ALSA. Malheureusement ces applications n’ont pas toujours un support JACK ce qui va nécessiter de faire tourner PulseAudio et JACK en même temps ou de créer un pont entre les deux et/ou encore de stopper un processus temporairement. Bref, c’est compliqué et je pense que ça va encore l’être d’avantage.
Aussi, pour faire l’acquisition de mes instruments j’ai investi dans une Focusrite 4i4. Malheureusement je n’ai pas fait assez attention, cette dernière n’a pas de boutons physique pour changer le type d’instruments en entrée, il est donc nécessaire de passer par un logiciel compatible uniquement Windows ou macOS.
Je me suis rendu à l’évidence, pour faire de la MAO plus confortable avec plus de greffons et VST il fallait que je passe à Windows ou macOS.
macOS
Honnêtement, je déteste Windows. Ce n’est pas nouveau. Étant passionné de systèmes UNIX il parassait tout naturel pour moi de choisir macOS qui en est un dérivé. D’ailleurs l’userland est un mélange entre FreeBSD et GNU coreutils, le shell par défaut est même zsh !
Choix du matériel
J’ai préféré opté pour un MacBook Pro 13”. J’ai un peu hésité avec un Mac Mini mais j’ai une préférence pour les ordinateurs portables, me permettant de l’emmener partout.
J’ai pris un MacBook Pro 13” premier de la gamme de prix avec simplement 16Go de RAM plutôt que 8 et évidemment le clavier qwerty (Apple a un avantage de ce côté là, même Lenovo a tendance à ne plus fournir une personnalisation sur certaines gammes).
Au total ça nous donne :
- Intel Core i5 1,4Ghz jusqu’à 3,9Ghz ;
- 16Go de RAM ;
- 256Go de SSD NVMe ;
- Intel Iris Plus Graphics 645 ;
- Clavier qwerty anglais américain.
Déballage
Le déballage est sans surprise, on est bien chez Apple avec le souci du détail jusqu’au carton. Le MacBook est bien protégé jusqu’à l’écran qui a une protection.

Il démarre directement en ouvrant l’écran et passe à l’assistant de configuration.
Dans la suite de l’article je vais largement comparer à mon Thinkpad x1 Carbon de 4ème génération, bien qu’étant de 2016 il est encore plus ou moins comparable.

Le Thinkpad est bien plus grand, en revanche celui de la dernière génération s’est largement aminci au point d’être très proche.
En terme de qualité de fabrications, on ne va pas se mentir on est vraiment bien au rendez vous.

GNOME ?
Depuis toujours j’entendais dire que GNOME copie tout de Apple, à vrai dire il y a effectivement énormément de ressemblance. Pour ma part, j’ai du mal à comprendre pourquoi il n’y aucun réglage pour changer les polices par défaut ainsi que leur taille (il y a un moyen d’adapter globalement la taille mais c’est lié à la résolution). En ce qui concerne le style des applications, il n’est pas possible de le changer (ormis juste la couleur) et dans GNOME c’est effectivement pareil sans passer par une application annexe.
Démarrage
La machine démarre en environ 3 à 4 secondes. C’est très agréable surtout que le MacBook s’allume en levant l’écran (quand il est éteint). En revanche c’est toujours moins rapide que mon x1 qui met un peu moins de 2 secondes mais on ne va pas chipoter, on est loin de nos minutes de chargement sur nos bon vieux Pentium 4.
Homebrew
En tant que libriste invétéré et adepte des gestionnaires de paquets et de la ligne de commande j’ai pu découvrir homebrew. C’est un gestionnaire de paquets comme on voit sur les distributions Linux.
Il fonctionne en deux parties :
- Les paquets compilés maison et installés globalement dans /usr/local, principalement les applications/bibliothèques en ligne de commande ;
- Les paquets natifs installés comme si on avait téléchargé une application officielle sur le site de l’éditeur.
Exemple :
brew install sdl2
: installe la bibliothèque SDL2 ;brew cask install macvim
: installe l’application MacVim comme si nous l’avions téléchargé depuis le site officiel.
Système de permissions et vie privée
Apple se dit très strict concernant la vie privée. Comparé à Windows il est très clair que c’est un peu plus le cas. Il n’y a pas de publicités ciblées dans les applications ou les menus (contrairement au menu démarrer de Windows 10).
Il y a aussi un système de permission strict pour chaque application. Par exemple, la première fois que vous lancez OpenEmu macOS vous indique que l’application souhaite avoir l’accès complet au clavier (c’est à dire même lorsque l’application tourne en fond) cela signifie qu’il est plutôt difficile d’écrire un keylogger sous macOS.
Autonomie
L’autonomie annoncée dans le moniteur d’activité était d’environ 11:30 ce qui est un très bon point. Je n’ai pas testé en conditions réelles pour le moment pour confirmer l’estimation.
Touch Bar
Sur la gamme MacBook Pro uniquement, il y a une Touch Bar qui remplace les touches F1 à F12. C’est quelque chose de très intéressant mais qui suscite pas mal d’avis différents. Personnellement j’aime beaucoup mais je pense que je n’aurais pas aimé la version précédente qui ne possédait pas de touche « Échap » dédiée. Peut-être qu’il y a des passionnés de vim chez Apple ?
Le point négatif est qu’elle n’est pas très exploitée chez les éditeurs tiers donc vous l’utiliserez principalement sur les applications natives d’Apple et pour le coup c’est plutôt pratique je trouve.
Sur Safari, on peut voir une prévisualisation des onglets :

Bref, moi j’adore et je valide. J’espère que ça arrivera sur les MacBook Air aussi.
Touchpad
Le touchpad est tout simplement immense. Il prend quasiment la moitiée de la partie basse du clavier. Chez Apple on utilise beaucoup les gestes à plusieurs doigts et c’est un vrai régal. On peut par exemple :
- Changer de bureau avec trois doigts ;
- Aller en arrière / avant avec safari avec deux doigts ;
- Ouvrir les notifications ;
- Afficher toutes les applications ;
- Et j’en passe.
Pour ma part je manque encore un peu de précision, mais ça fait seulement quelques jours que je possède la machine il me manque un léger temps d’adaptation.

De plus il est à noter que le Touchpad répond par l’intermédiaire de très fines vibrations ce qui permet de donner des indications à l’utilisateur. Exemple simple, dans Apple Maps lorsque vous tourner le plan le touchpad se met à émettre une légère vibration lorsque vous retournez à la position initiale.
Clavier
Le clavier est à nouveau un mécanisme à ciseaux. Si vous avez un peu suivi l’actualité d’Apple vous avez peut-être entendu parler des mécanismes à papillons qui ont eux aussi suscité pas mal d’avis mitigés. En revanche, ils ont introduits beaucoup de problèmes matériels (touche non pressée, pressée deux fois, blocage, etc).
Le ressenti du clavier est très bon, silencieux et agréable. En revanche, pour avoir utilisé le clavier du Thinkpad pendant 4 ans, je trouve que Lenovo reste la référence. Le ressenti est indescriptible et je fais bien moins d’erreurs sur le Thinkpad que le MacBook. La réputation des Thinkpad est légendaire à ce sujet.

Luminosité automatique
Le MacBook modifie la luminosité de l’écran en fonction de l’éclairage ambiant tout ça de manière très naturelle. Sur mon téléphone c’est la première chose que je désactive mais je dois avouer que sur ce MacBook c’est très précis et bien géré.
Connectivité
Point de vue connectivité il n’y a pas grand chose à dire et pour cause, seul deux ports Thunderbolt 3. Ce qui laisse une place de libre après le chargeur. Comme je compte utiliser mon MacBook à 70% du temps branché sur mon bureau, j’ai donc acheté un dock Belkin Thunderbolt 3 Dock Plus pour y connecter ma carte son, mon écran 4k et sans doute plusieurs disques dur externes.
Matériel annexe
Comme je vais utiliser mon MacBook régulièrement branché sur mon écran 4K, j’ai commandé le clavier Magic Keyboard et la souris Magic Mouse pour avoir une intégration parfaite en plus de me débarasser de câbles.

Le clavier est d’une finition excellente, belle couleur et d’un silence incomparable. Bien qu’adepte de mon autre clavier mécanique possédant des Cherry MX blue, j’aime aussi cette frappe minimaliste et douce. Cependant, je pense que pour écrire de très longs documents risque tout de même d’être moins confortable sur la durée.

Concernant la souris mon avis est plus mitigé. Elle est bien trop plate ce qui vous pousse à tordre légerement votre poigner en arrière et sa sensibilité est particulière. Par contre j’adore la partie tactile sur le devant.
Points négatifs
Rien est parfait et certaines choses me chagrinent chez Apple.
Bloatware
De nos jours la plupart des systèmes d’exploitation sont de purs bloatware, même si macOS reste assez propre, rapide il n’en est pas moins bloat.
À peine fraichement démarré si macOS reste assez propre et rapide il n’en est pas moins bloat.

Voilà l’utilisation de mon espace disque après l’installation de XCode et quelques autres applications.
- 15Go d’applications ;
- 11Go de système ;
- 18Go de « je ne sais pas ».
Au niveau du nombre de processus et services lancés on est pas mal non plus :
$ sudo ps auxw | wc -l 367
Français en qwerty
Habituellement sous Linux j’utilise le clavier qwerty us avec la
variant altgr-intl
. Cette dernière permet d’écrire du
français facilement grâces à des combinaisons de touches rapides.
Sous macOS il est aussi possible d’écrire des accents directement avec l’agencement de base mais il utilise la touche option qui est plutôt mal situé sur le clavier. Cela m’oblige à utiliser les pouces pour écrire des accents ce qui n’est pas spécialement agréable.
Refroidissement
Depuis toujours Apple est connu pour faire du matériel chauffant énormément. C’est aussi le cas pour mon MacBook Pro. Lorsque j’ai migré mes 366Go de données d’un disque dur à un autre, le service d’indexation a tourné pendant plusieurs heures et entrainait régulièrement le CPU jusqu’à 95C˚. Je n’ai jamais atteint de telles températures extrêmes sur mon Thinkpad même en très grosse charge.
Taille d’écran
Je regrette qu’Apple ne fasse toujours pas un MacBook 14”, pour moi c’est la taille idéale dans un ordinateur portable. Les polices sont légèrement plus petites que sur mon Thinkpad. D’autant plus que les fabricants arrivent à faire des bordures plus fines (comme le Dell XPS 13 qui est sublime).
Je pense qu’Apple pourrait faire un effort sur les bordures et pourrait largement arriver à placer un 14” dans la taille de ce MacBook à quelques millimètres près.
La réparabilité
Les produits Apple sont très difficile à réparer soi même. De plus, certains composants commencent à ne plus être remplaçable, principalement pour rendre le matériel de plus en plus fin. Honnêtement, s’il faut souder un NVMe pour gagner 1mm alors je préfère avoir encore avoir un laptop légèrement plus gros.
Sur ce MacBook tout est soudé de la RAM au NVMe. Pour la RAM je m’étais fait à l’idée, mon Thinkpad x1 Carbon est dans la même situation mais pour le NVMe je suis un peu déçu. Les disques SSDs ne sont malheureusement pas éternel.
Un système toujours un peu fermé
Bien qu’étant un système orienté UNIX, macOS est tout de même assez fermé et il n’est pas toujours possible de naviguer dans certains répertoires même en root.
Avenir
Note importante : je n’arrête pas les logiciels libres !
Comme dirait certains « utilise le bon outil pour la bonne tâche ». J’adore Linux (particulièrement Alpine dont je contribue beaucoup) et je continuerai de l’utiliser. Pour moi Linux est un bon outil de développement et de bureautique simple, macOS est idéal pour la MAO et l’utilisation quotidienne.
Par ailleurs, j’installe dès que possible des logiciels libres sur mon mac comme transmission, NetNewsWire, MacVim.
De plus, j’en ai déjà profité pour compiler mes projets dessus 🙂.
Conclusion
J’aime mon MacBook autant que mon Thinkpad. Je pense qu’ils se complètent parfaitement. Mon MacBook va me servir globalement à la bureautique, MAO et utilisation au quotidien, Linux sur le développement qui je le rappelle est ma profession.